Des bandes fleuries dans des systèmes de cultures diversifiés favorables à la biodiversité et à la lutte biologique
23 mai 2023Depuis 2018, des enseignants-chercheurs du département Sciences et Ingénierie Agronomiques, Forestières de l’Eau et de l’Environnement - SIAFEE (UMR Agronomie et EcoSys) et du département Sciences de la vie et santé - SVS (UMR ESE), évaluent quantitativement les effets d’une diversité de modes de production en grandes cultures et de bandes fleuries sur la biodiversité et les services de régulation associés. Dans un réseau de parcelles de 32 agriculteurs (en régions Centre et Île-de-France), différents organismes sont ainsi suivis régulièrement, notamment la mésofaune, le macrofaune et les oiseaux, en faisant le lien entre la régulation des insectes ravageurs de cultures et la fertilité des sols. Trois vidéos ont été réalisées pour communiquer sur ces travaux : les premiers résultats sont à découvrir sur la chaîne Youtube de l’UMR Agronomie.
Des bandes fleuries dans des systèmes de cultures diversifiés, deux leviers pour l’agroécologie
Depuis plusieurs décennies, l’effondrement des oiseaux et de certaines espèces d’insectes sont particulièrement observables sur les terres agricoles françaises et plus généralement en Europe de l’ouest. Cet effondrement menace à la fois certains services écosystémiques qui sont rendus par cette biodiversité très spécifique à la société en général mais aussi à l’agriculture, notamment en matière de fertilité des sols et de régulation des insectes ravageurs.
Si certains systèmes alternatifs sont mis en avant et adoptés par certains agriculteurs (suppression de produits phytosanitaires, développement de l’agroforesterie…), sur le volet biodiversité, des améliorations sont possibles. C’est en tous cas le pari fait par les chercheurs, qui étudient, en collaboration avec un panel d’agriculteurs, le développement de cette biodiversité lorsque l’on implante des bandes fleuries en bordure de champs. Au total, une quarantaine de variétés sont implantées (floraisons possibles toute l’année), avec un suivi spécifique pour chaque parcelle, ceci afin de mieux comprendre les ressources et les refuges des organismes vivants pouvant se développer dans cet environnement.
Rencontre dans cette vidéo avec Olivier Vasseur, l’un des agriculteurs collaborant à l’étude :
Biodiversité des sols et décomposition de la matière organique
Quels sont les effets des systèmes de grandes cultures et des bandes fleuries sur la biodiversité, le fonctionnement de l’agroécosystème et les services fournis ? Pour mieux le comprendre, attardons-nous sur des acteurs essentiels : les organismes vivants des sols et la décomposition de la matière organique. En examinant de plus près le sol, nous allons ainsi retrouver des bactéries et des champignons, mais aussi toute la faune qui s’y développe : la microfaune (exemple : nématode ou vers ronds), sur une échelle plus grande la mésofaune (exemples : acariens, collemboles), sur une échelle encore plus grande la macrofaune (exemples : vers de terre, mille-pattes) et, enfin, la mégafaune (lapins, taupes, rongeurs etc).
Une biodiversité riche va de pair avec la qualité des services rendus. Cela implique une meilleure régulation des eaux, un recyclage des matières organiques ou encore une structuration importante des sols.
Dans cette seconde vidéo, observons de plus près ce qui se cache dans le sol :
Contribution des bandes fleuries à la régulation des ravageurs des cultures
Etudier les effets d’une diversité de modes de production en grandes cultures et de bandes fleuries sur la biodiversité et les services de régulation associés, c’est aussi étudier de plus près les acteurs qui peuvent poser problème sur les cultures. Les insectes ravageurs en sont une illustration. Pour Antoine Gardarin, responsable scientifique de cette étude, la gestion de ces insectes s’attaquant aux cultures ne peut plus reposer uniquement sur la seule lutte chimique comme c’est majoritairement le cas actuellement, du fait de ces impacts sur la biodiversité, sur la santé humaine et d’impasses techniques comme la résistance aux insecticides. Des alternatives doivent pouvoir se mettre en place.
Par conséquent, les chercheurs associés à l’étude s’emploient à développer une lutte biologique par conservation et gestion des habitats qui consiste à favoriser la régulation par prédation et parasitisme des ravageurs, en adaptant des pratiques et des aménagements dans la parcelle et autour qui sont naturellement favorables aux auxiliaires participant à la régulation des insectes dans les cultures adjacentes.
Dans cette troisième et dernière vidéo, plongeons dans l’univers des auxiliaires de cultures, indispensables à la régulation des ravageurs :