
Éclairage urbain : concilier biodiversité et habitants
25 juin 2025Conjointement avec INRAE, le Muséum national d’histoire naturelle et La TeleScop, Chloé Beaudet, doctorante à AgroParisTech, et Maia David, professeure en économie de l’environnement à AgroParisTech, ont participé à la réalisation d’une étude inédite dans la métropole de Montpellier Méditerranée. Leur objectif : croiser les besoins de six groupes d’espèces sensibles à la lumière nocturne avec les attentes des habitants en matière d’éclairage public. L’étude a abouti à la production d’une carte croisant les besoins de la biodiversité et des habitants. Cette carte identifie différentes zones où les actions sur l’éclairage public sont mutuellement bénéfiques et celles où des compromis sont nécessaires. Les résultats ont été publiés dans la revue Nature cities.
Une pollution lumineuse en forte hausse
Depuis quelques années, la pollution lumineuse augmente rapidement, portée par l’urbanisation, la multiplication des points lumineux et la généralisation des LED. Si ces technologies sont plus économes, elles ont aussi permis d’intensifier l’éclairage, parfois à outrance. Cette lumière artificielle perturbe les rythmes biologiques de nombreuses espèces animales, en modifiant leurs comportements nocturnes, leur reproduction ou leur alimentation. Elle a également des effets avérés sur la santé humaine, notamment sur le sommeil et l’horloge biologique.
Cartographier les besoins de la biodiversité en lien avec les attentes des habitants
Au cours de cette étude, les scientifiques ont cartographié la pollution lumineuse à partir d’images satellites et croisé ces données avec les besoins écologiques de six groupes faunistiques (oiseaux, deux groupes d’insectes, deux groupes de chauves-souris, amphibiens) et les réponses d’une enquête menée auprès de 1 148 habitants dans la métropole montpelliéraine. Cette ville a été choisie pour son envergure correspondant à une ville européenne de taille moyenne et sa proximité avec le parc national des Cévennes, où sont répertoriés près de 2 400 espèces animales, et plus de 10 000 espèces végétales. La pollution lumineuse dans cette zone peut être un problème, pouvant perturber les cycles jour-nuit, les comportements reproductifs, alimentaires ou d’orientation des espèces alentours. Résultat : les scientifiques ont pu créer une carte stratégique permettant d’identifier, rue par rue, les zones où réduire l’éclairage profiterait à la biodiversité sans générer de rejet social. Elle permet aussi de cibler les secteurs où des compromis ou des ajustements techniques sont nécessaires pour concilier les enjeux.
Une application pour visualiser les résultats
Pour accompagner les politiques publiques, les chercheurs ont développé SustainLight, une application web interactive en anglais. Elle permet aux élus, techniciens et citoyens d’explorer les résultats de l’étude à l’échelle de la métropole. Les utilisateurs peuvent visualiser les zones prioritaires, comparer les scénarios d’aménagement lumineux, et identifier les solutions les plus équilibrées entre biodiversité et qualité de vie. Un outil concret pour passer de la science à l’action.