Lancement du rapport « Nexus » de l’IPBES, le « GIEC de la biodiversité »
18 décembre 2025L’IPBES (Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques, souvent appelé « GIEC de la biodiversité ») a dévoilé ce mardi 17 décembre un rapport inédit, le rapport «Nexus», qui analyse les interdépendances entre la biodiversité, l’eau, l’alimentation, la santé et le changement climatique et identifie plus de 70 réponses concrètes face à ces crises complexes et interconnectées. Elaboré durant près de trois ans, il a été mené conjointement par 165 experts de 57 pays différents parmi lesquels Améline Vallet, enseignante-chercheure à AgroParisTech et associée au laboratoire ESE (Écologie, Systématique et Évolution), ainsi qu’au Cired (Centre international de recherche sur l’environnement et le développement).
Le rapport, fruit d’une expertise internationale inédite, aborde les liens complexes et les interactions entre la biodiversité, l’alimentation, l’eau, la santé et le changement climatique (qui constituent les 5 éléments du « Nexus » au cœur du rapport). Il montre que les approches cloisonnées, en silo, sont inefficaces, voire contre-productives, vu que les crises environnementales (perte de biodiversité, insécurité alimentaire et hydrique, pandémies, changement climatique) s’amplifient et se renforcent mutuellement.
Le rapport identifie plus de 70 solutions (appelées « options de réponses »), qui permettent de répondre à ces crises de façon intégrée, avec des co-bénéfices pour chacun des 5 éléments du nexus. Ces solutions contribuent également fortement à atteindre les 17 objectifs de développement durable, de même que les 23 cibles du nouveau cadre mondial de la biodiversité.
Il souligne également que la mise en œuvre de ces solutions requiert la coopération entre acteurs (gouvernements, société civile, peuples autochtones, secteur privé…), ainsi qu’une gouvernance adaptive et inclusive. De fait, le rapport propose une feuille de route pour la mise en œuvre de solutions pour le Nexus, constituée de 8 étapes successives pour mobiliser les acteurs, identifier les synergies et tradeoffs entre éléments du nexus, choisir les solutions pertinentes, identifier les barrières et leviers à leur implémentation, mettre en place un système de suivi et d’évaluation.
Ce rapport est la première synthèse mondiale approfondie sur les interconnexions entre biodiversité, eau, alimentation, santé et changement climatique, comme le souligne la Professeure Paula Harrison du Centre britannique d’écologie et d’hydrologie, coprésidente de l’évaluation Nexus de l’IPBES : « Les crises mondiales liées à la biodiversité, à l’eau, à l’alimentation, à la santé et au changement climatique s’intensifient souvent mutuellement lorsqu’elles sont traitées séparément, d’où la nécessité d’une approche commune. L’évaluation Nexus est l’un des projets les plus ambitieux jamais entrepris par la communauté de l’IPBES, offrant un éventail sans précédent d’options de réponse pour décloisonner les décisions et les actions. Les crises peuvent s’enchaîner et s’aggraver mutuellement, mais l’approche ‹nexus› tient compte des interdépendances entre ces crises et propose des solutions globales susceptibles d’améliorer les résultats dans de multiples secteurs et systèmes »
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Plusieurs travaux conduits à AgroParisTech sont cités dans ce rapport, témoignant de l’engagement et de l’excellence scientifique de l’établissement sur ces enjeux cruciaux de transition agro-écologique. L’expertise d’Améline Vallet a été essentielle pour les chapitres 4, 5.1 et 7, qui abordent respectivement les approches de gouvernance, l’identification des solutions et la feuille de route pour la mise en œuvre des approches Nexus. AgroParisTech félicite chaleureusement Améline Vallet ainsi que l’ensemble des auteurs impliqués pour la qualité remarquable de leur travail de synthèse.